Armée et politique au Niger (Printed)
Armée et politique au Niger (Printed)
Il manquait à l’histoire politique du Niger une synthèse présentant les rapports entre l’armée et la politique depuis l’indépendance. Ce pays constitue un terrain privilégié d’analyse dans ce domaine. On compte entre 1964 et 1999 trois coups d’État réussis (avril 1974, janvier 1996 et avril 1999 au cours du processus de démocratisation), au moins quatre tentatives de coups d’État (1964, 1975, 1976, 1983). En 40 ans d’indépendance, le Niger a connu 21 ans de régime militaire, sept systèmes institutionnels différents et quatre militaires comme présidents de la République sur les six qui l’ont dirigé. En moins de dix ans, de la conférence nationale (novembre 1991) au dernier coup d’État (avril 1999), le Niger passe de la Deuxième à la Cinquième République. Statistiquement, depuis 1974, il y a tous les cinq ans un coup d’État ou une tentative de coup d’État. À cela, il faut ajouter sept mutineries et divers mouvements de la troupe entre décembre 1963 et août 2000. En matière d’instabilité institutionnelle, c’est un record sans égal en Afrique. Une étude sur l’armée est assurément plus que jamais d’actualité. La récurrence de son apparition sur la scène politique impose une autre façon de regarder l’armée nigérienne, une analyse critique du phénomène militaire sinon un bilan qui permettrait d’envisager des perspectives nouvelles pour l’avenir du Niger. Élaboré par une équipe pluridisciplinaire, cet ouvrage propose une analyse sur la longue durée des rapports de l’armée avec la politique dans une perspective historique et sociologique (l’apparition des chefs de guerre au XIXès, le passage d’une armée coloniale à une armée nationale, la politisation de l’armée et l’émergence des « militaires politiciens », la sociologie de l’armée…). Il tente de répondre à une question-clé : Pourquoi l’armée est-elle si fortement présente en politique au Niger ? Il révèle comment s’est progressivement constituée une composante militaire significative au sein de la classe politique nigérienne au point de devenir un entrepreneur politique fort dynamique et de concurrencer les politiciens civils. L’ouvrage montre d’une part l’importance des contextes socio-politiques et économiques qui favorisent la propension à l’interventionnisme militaire et d’autre part les transformations au sein de l’armée qui expliquent son passage à l’action. Il retrace deux décennies de « régimes à direction militaire », analyse leurs modes de légitimation, d’organisation et de gestion du pouvoir, dresse leurs bilans économiques et éclaire le rôle des femmes dans cette institution qui demeure jusqu’ici une affaire d’hommes. Ce livre tente donc une véritable biographie du Niger indépendant. Par la qualité des contributions, c’est un outil de référence pour comprendre le Niger d’aujourd’hui.