Ce volume est à la recherche d'une explication aux événements survenus depuis 1999 en Côte-d'Ivoire, qu'il est convenu d'appeler la « crise ivoirienne ». Il semble que l'interprétation événementielle des faits apportait des explications insatisfaisantes à cette fracture profonde et que la bonne perspective conduisait obligatoirement à revisiter les catégories théoriques essentialistes que s'obstinent à nous imposer un regard faussé, alourdi par des préjugés ethnocentriques. Une prise de distance avec l'événementiel passe par un questionnement approfondi sur les causes de l'effondrement annoncé du modèle dit ivoirien; le sens historique des choses est appelé pour examiner l'enchaînement et l'interaction des faits dont il faut, à chaque fois, statuer sur le poids historique dans la direction tragique de la dynamique sociale. En cherchant les origines sociales de l'irruption de cette déchirure sociale et politique, les auteurs du volume partent tous d'une question centrale : de quelle manière le poids de la formation de la société ivoirienne moderne intervient-il sur les modalités des actions individuelles et des regroupements collectifs actuels ? La fracture brutale et violente qu'a connue la formation sociale ivoirienne pose de nouveau la question des identités collectives qui dévoile en même temps les enjeux liés au caractère inachevé de la construction des « États-nations » en Afrique. C'est une erreur, en effet, de penser que cette crise s'est spontanément déclarée dans les instances supérieures partisanes et de négliger le fait que derrière les déclarations ostentatoires à propos de l'Unité Nationale, les regroupements précoloniaux ne se sont pas complètement dissouts dans la « Nation » moderne. De plus, dans le processus de fabrication de l'espace social « national », de nouvelles combinaisons sociales s'y engagent en se réinventant continûment. Les racines des crises actuelles sont, nous semble-t-il, à chercher dans la transformation inédite que connaissent les sociétés africaines contemporaines.
ISBN : 2-86978-217-9
CODESRIA 2008
Ebrima Sall, Directeur du département de la Recherche au CODESRIA, Dakar, Sénégal.
Jean-Bernard Ouedraogo, Secrétaire Exécutif adjoint du CODESRIA, Dakar, Sénégal.
Francis Akindès, Département de sociologie, Université de Bouaké, Côte d’Ivoire.
Aghi Auguste Bahi, CERCOM, Université d’Abidjan-Cocody, Côte d’Ivoire
Koffi Samuel Bobo, Étudiant de maîtrise en sociologie, Université de Bouaké,associé au programme de l’unité de recherche IRD « Régulations foncières ».
Pascal Bianchini, Chercheur indépendant, agrégé de sciences sociales, Bordeaux,France.
Sylvie Bredeloup, Socio-anthropologue, directrice de recherche à L'IRD (UMR LPED), Université de Provence, France.
Bonnie Campbell, Département de science politique, Université du Québec à Montréal, Canada
Jean-Pierre Chauveau, Anthropologue, directeur de recherche à l’IRD, Unité de recherche RÉFO, Régulations foncières et politiques publiques, associée à l’UMR MOISA (Marchés, organisations, institutions et stratégies d’acteurs).
Basile Guissou, Directeur Général du Centre national de la recherche scientifiqueet technologique (CNRST), Ouagadougou, Burkina Faso.
Azoumana Ouattara, Département de philosophie, Université de Bouaké, Côte d’Ivoire.
Lori-Anne Théroux-Bénoni, Centre d’études et de recherches internationales,Université de Montréal, Canada.
Claudine Vidal, Directrice de recherche émérite au CNRS, Centre d’études africaines,EHESS, Paris, France.
Epiphane Zoro-Bi, Magistrat Mouvement ivoirien des Droits de l’Homme et Centre pour la promotion de la non-violence et de la culture démocratique, Abidjan,Côte d’Ivoire.
A la 11ème Assemblée générale du CODESRIA qui s’est tenue à Maputo en décembre 2005, Carlos Lopes a prononcé le Discours Cheikh Anta Diop sur ‘L’Afrique face aux enjeux de la citoyenneté et de l’inclusion : l’héritage de Mário de Andrade’ de l’Angola. Il examine la vie et l’époque de Mário Andrade, le nationalisme africain et ses propositions révolutionnaires en plus des triomphes et vicissitudes de la négritude et du panafricanisme. Il analyse les conséquences pour les citoyens de ces pays, l’inclusion et le respect pour les identités. Il conclue son intervention par leurs implications de tous ces facteurs pour les intellectuels africains. A l’instar de Mario de Andrade qui détestait les rites associés au pouvoir et qui avait honte des notions de citoyenneté exclusivistes. Lopes fait une critique sur le nationalisme étroit qui met en danger le panafricanisme. Il fait appel aux intellectuels africains pour la dénonciation de ces pratiques dans l’intérêt des droits universels basés sur le principe que le développement amène plus d’opportunités et de liberté de choix.
ISBN : 2-86978-238-9
CODESRIA 2008